Dans le paysage culinaire italien, où la tradition règne souvent en maître, il existe toujours un espace pour la créativité. C’est précisément de ce désir d’expérimenter, allié à l’élégance d’un lieu emblématique comme le Caffè Pedrocchi de Padoue, qu’est né, il y a environ neuf ans, un plat aussi original qu’équilibré : les tagliolini au café avec courgettes et menthe.
Une idée audacieuse mais raffinée, qui marie les arômes intenses du café à la fraîcheur de la menthe et à la douceur végétale des courgettes. Mais comment ce plat a-t-il vu le jour ? Et quel rôle joue le mythique Caffè Pedrocchi dans cette histoire culinaire ?
Le Caffè Pedrocchi : symbole historique de Padoue et de l’Italie
Pour comprendre l’origine de ce plat, il faut d’abord parler du Caffè Pedrocchi, qui n’est pas un simple café, mais un véritable monument historique.
Fondé en 1831 par Antonio Pedrocchi, un entrepreneur visionnaire, et conçu par l’architecte Giuseppe Jappelli, l’établissement avait pour ambition de devenir un lieu de rencontre ouvert à tous — artistes, intellectuels, étudiants et politiciens. Très vite, il a gagné le surnom de « café sans portes », car il était accessible jour et nuit, sans fermeture.
Le Pedrocchi a ainsi été le théâtre de nombreuses scènes historiques, notamment pendant les soulèvements de 1848, et il continue aujourd’hui à incarner la culture, l’élégance et l’innovation.
Mais il ne vit pas que de souvenirs : le Caffè Pedrocchi a su se renouveler avec le temps, y compris sur le plan gastronomique. C’est dans ce contexte d’ouverture et de créativité qu’est né le fameux plat de tagliolini au café.
L’intuition du chef : café, courgettes et menthe
L’idée des tagliolini au café remonte à environ neuf ans (vers 2016), à une époque où le Pedrocchi réinventait sa cuisine pour lui donner une touche plus contemporaine.
Le chef de l’époque (selon certaines sources, il s’agissait d’une collaboration entre la brigade et la direction) voulait créer un plat emblématique, représentatif du lieu. Et quoi de plus symbolique que le café lui-même ?
Le résultat fut un plat de pâtes unique, qui ose marier des saveurs contrastées mais harmonieuses :
- Les tagliolini maison sont préparés avec une pâte à base de café espresso, ce qui leur donne une couleur ambrée et une note aromatique profonde.
- Les courgettes, coupées finement et sautées, apportent une douceur légère.
- La menthe fraîche, ajoutée crue, offre une touche herbacée et rafraîchissante qui équilibre l’amertume du café.
- Parfois, le plat est finalisé avec un peu de Parmesan râpé et un filet d’huile d’olive extra vierge.
Le plat a rapidement conquis les palais curieux des clients du Pedrocchi, devenant l’une des signatures du menu.
Un plat qui raconte le Pedrocchi
Ce plat n’est pas une simple expérimentation : il représente une métaphore gastronomique du Caffè Pedrocchi. Tout comme l’établissement lui-même, les tagliolini au café incarnent :
- Une fusion entre tradition et modernité (les pâtes maison et l’usage novateur du café) ;
- Un équilibre entre audace et raffinement ;
- Une identité locale ouverte sur le monde (le café comme produit global, réinterprété en version italienne).
À une époque où la cuisine spectacle peut parfois paraître forcée, ce plat démontre qu’il est possible d’innover avec du sens, en racontant une histoire.
Café et cuisine : une union possible ?
Utiliser le café en cuisine — notamment dans des plats salés — peut surprendre. Et pourtant, cela fait partie des tendances culinaires contemporaines.
Le café, bien dosé, peut apporter :
- Des notes grillées et amères ;
- Un arôme profond et enveloppant ;
- Une longueur en bouche intéressante.
Dans les tagliolini du Pedrocchi, l’amertume du café est adoucie par la douceur des courgettes et vivifiée par la fraîcheur de la menthe. C’est un bel exemple de gastronomie sensorielle, qui parle autant aux papilles qu’à l’imaginaire.
Peut-on reproduire la recette chez soi ?
Même si la recette exacte du Pedrocchi reste secrète, plusieurs passionnés ont tenté de la recréer. Les éléments de base sont simples et accessibles :
- Une pâte fraîche aux œufs, aromatisée avec un espresso corsé ;
- Des courgettes coupées finement et sautées rapidement ;
- De la menthe fraîche hachée ;
- Un peu d’huile d’olive vierge extra, et éventuellement du parmesan.
Le secret réside dans l’équilibre des saveurs : ne pas trop forcer sur le café, ni sur la menthe, pour garder une harmonie en bouche.
Un plat qui devient un récit
Les tagliolini au café, courgettes et menthe ne sont pas seulement un plat original : c’est un récit culinaire, une manière de raconter l’histoire d’un lieu unique à travers une assiette.
Ils incarnent l’esprit du Caffè Pedrocchi : un lieu où tradition, culture et innovation se rencontrent, où le goût devient langage, et où le café quitte la tasse pour devenir ingrédient.
