Aperol Spritz - Apéritif

La longue histoire de l’aperitivo

A partir d’un vin aromatisé, l’aperitivo a conquis les verres et les cœurs des Italiens

L’aperitivo (apéritif) en Italie est bien plus qu’un simple moment pour se mettre en appétit avant le dîner, c’est une véritable institution, une tradition profondément ancrée dans la culture et les habitudes du pays. Il s’agit d’un moment de convivialité et de partage indépendant du repas, où l’on se retrouve entre amis ou en famille pour savourer de délicieux cocktails et en-cas.

Les origines de l’apéritif remontent loin dans le temps. Déjà à l’époque de la Rome ancienne, il était d’usage de boire des vins aromatisés aux herbes avant les repas pour stimuler l’appétit.

itinerari des saveurs

L’invention du vermouth

Mais l’aperitivo comme nous le concevons aujourd’hui apparait en 1786, lorsque Antonio Benedetto Carpano a inventé le vermouth à Turin. Bien qu’il soit important de noter que des boissons similaires existaient déjà dans d’autres régions d’Europe et notamment en France, il est indéniable que Carpano a joué un rôle crucial dans la popularisation du vermouth en créant une recette raffinée à base de vin blanc, d’absinthe et d’autres épices.

Le vermouth a rapidement conquis le cœur des Italiens et est devenu la base de nombreux cocktails populaires. Dès le début du XIXème siècle, les cafés et les bars turinois proposaient des buffets copieux accompagnés de ce nouveau vin aromatisé, qui devint rapidement un élément incontournable de la vie sociale.

En 1863 la distillerie Martini lance le Martini Rosso, un vermouth rouge sucré et aromatique qui deviendra rapidement une référence mondiale dont la recette est élaborée à base de vins italiens et d’un assemblage secret d’herbes et d’épices. Suivront le Martini Bianco et le 1er janvier 1900 le Martini Extra dry destiné à jouer un rôle crucial dans la création du cocktail « Dry Martini » né aux Etats-Unis et rendu célèbre par…James Bond.

De Turin à Milan : l’idée de l’apéritif se répande

Le deuxième moment clé de cette histoire a lieu en 1860 à Novare quand l’herboriste Gaspare Campari élabore une recette unique de liqueur amère à base d’herbes, d’épices et d’agrumes avec un degré d’alcool modéré. En 1892, son fils Davide Campari transfère la production à Milan et construit la première usine dédiée à la production de la liqueur familiale. Il se lance également dans l’exportation, en commençant par la France, faisant ainsi connaître le Campari au-delà des frontières italiennes. Ayant vite compris l’importance de l’image, Campari s’associe à l’art et au design, collaborant avec des artistes renommés pour créer des affiches publicitaires emblématiques et contribuant à ancrer l’image du Campari dans l’univers du style et de la sophistication à l’italienne.

Le vermouth et le Campari deviennent les incontournables d’un nouveau rituel qui va créer des nouveaux lieux de rencontre destinés à devenir célèbres comme les très raffinés cafés du centre-ville à Turin ou le très célèbre « Camparino » dans la Galerie Vittorio Emanuele II à Milan. Mais surtout ils se mixent très bien entre eux en donnant naissance à des cocktails connus dans le monde entier. Dédié à Primo Carnera, le premier sera l’« Americano » qui rajoute du soda, suivi par le « Mi-To » un cocktail créé pour célébrer l’autoroute qui lie Turin à Milan. Avec Campari, l’aperitivo s’installe donc à Milan. Les cafés et les établissements chics de la ville proposaient des buffets élaborés avec des produits de qualité, souvent accompagnés de vins fins et de cocktails élaborés. L’apéritif milanais devint un moment de rencontre privilégié pour les élites bourgeoises et intellectuelles.

L’apéritif conquiert toute l’Italie

Au même temps à Venise dans ses nombreux « bacari » (petits bars à vins) une tradition unique d’apéritif se développa. Les « cicchetti », petits en-cas salés et variés, étaient servis sur le comptoir, permettant aux clients de composer leur propre assiette selon leurs envies. L’apéritif vénitien était un moment convivial et informel, propice aux discussions et aux rencontres impromptues. Merci l’importante production de vins blanc et de « spumanti » dans la régions, Venise sera également la patrie de deux cocktails encore très appréciés : l’« Aperol Spritz », à base de spumante et Aperol, et le « Bellini », à base de vin blanc pétillant et un mix de pulpe et jus de pêche blanche.

Florence contribua elle aussi à la tradition de l’apéritif avec deux cocktails célèbres. Le « Negroni » nous le devons au comte Camillo Negroni qui en 1919 ait l’idée de mélanger du gin au Campari et au vermouth rouge. C’était la naissance d’un des cocktails parmi les plus sophistiqués et plus apprécié sur la scène internationale. Ensuite, dans un café renommé, il est né le « Negroni sbagliato », (Negroni erroné) dont l’origine est une véritable erreur dans la préparation (du spumante à la place du gin),

Évidemment cette passion ne pouvait pas ignorer la capitale. Et si le cinéma des années 1950-1960 a rendu célèbres dans le monde entier les cafés de via Veneto et Piazza di Spagna, aujourd’hui pour profiter de l’apéritif à Rome il faut plutôt se rendre à Trastevere, un des quartiers les plus anciens et populaires de la Capitale devenu très branché.